Par Laurie Zénon, publié le 22/03/2011 à 11:18
Le Medef a proposé de rendre obligatoire le congé parternité. Un projet qui inquiète les entreprises.
L. Bocki/ Image source/AFP
Instaurer un congé paternité obligatoire: la proposition de Laurence Parisot séduit le gouvernement. Entre enthousiasme et crainte, les entreprises, elles, sont partagées sur la mise en place de cette mesure.
Quand son employé lui annonce qu'il va bientôt être papa, Dominique Crossouard, responsable d'une entreprise de restauration à Nantes se réjouit, le félicite. Passé cet instant de bonheur partagé, la patronne du bistrot "Les Docks" s'inquiète. Comment va-t-elle s'organiser pendant les onze jours du congé paternité d'Olivier ?(*) A la tâche, délicate, de trouver un remplaçant, s'ajoute le problème financier : prendre en charge le congé tout en payant un nouveau salarié...Pas évident à gérer pour une toute petite entreprise (TPE) de six salariés hors-saison, neuf venu l'été.
"Le contre-coup est rude pour l'entreprise", souffle la responsable. Pourtant, sur le principe, Dominique Crossouard approuve l'idée avancée par Laurence Parisot, le 8 mars dernier. A l'occasion de la Journée de la Femme, la présidente du Medef avait proposé de rendre congé paternité obligatoire, au nom du principe de l'égalité hommes-femmes. Sans plus tarder, elle a invité les syndicats et les patrons à entamer les négociations, dès le deuxième semestre, appuyée par le gouvernement. Xavier Bertrand, ministre du travail et Roselyne Bachelot, en charge de l'égalité, ont donné leur feu vert.
"Une obligation stupide"
Face à la gérante du troquet nantais aux six employés, Didier Baichere, Directeur des Ressources Humaines chez Alcatel-Lucent,- 10 000 salariés sur l'Hexagone- n'est pas inquiet si une telle mesure devait s'appliquer. En 2010, 70% des jeunes pères ont choisi de bénéficier du congé pour partager les premiers jours de leur bébé. Dans les mois à venir, ils devraient être plus nombreux encore: une mesure pour rembourser les congés à 100 % est en cours de discussion. "Au niveau d'une grande entreprise, quatre mois de congés maternité ne posent pas de problème d'organisation", détaille Didier Baichere. Autant dire qu'un congé paternité, même obligatoire et allongé, ne perturberait pas les grands groupes.
(*) Le prénom a été modifié
L'EXPRESS.fr