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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 10:31
8 mars : 8 raisons de se battre
 
 
8 mars 2011, nous célébrons la 100ème journée internationale du droit des femmes. Certains se demandent si, un siècle après sa création, ce jour a encore un sens, si les femmes ont encore de véritables combats à mener. A tous ceux et celles qui doutent de la nécessité d’une mobilisation pour plus de justice à l’heure actuelle, voici huit raisons de se mobiliser.
 
Violence
Harcèlement, violence domestique, viols… Dans chaque pays du monde, les femmes sont des proies faciles pour les hommes violents.
La violence conjugale est un phénomène universel, quels que soient l’origine, la classe sociale ou le niveau d’éducation des personnes concernées. En France, une femme meurt tous les deux jours et demi sous les coups de son conjoint. En dehors du foyer, les chiffres sont tout aussi mauvais. En 2010, année où la lutte contre les violences faites aux femmes fut décrétée grande cause nationale, les agressions envers les Françaises sur la voie publique ont augmenté de 13%.
En France, chaque jour, 200 femmes sont violées. Une Française sur 10 a été violée ou le sera au cours de sa vie. Au niveau mondial, ce chiffre passe à une femme sur cinq.
Dans les pays en conflit (République Démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Soudan…), le viol est utilisé comme arme de guerre et des millions de femmes en sont victimes. Dans certaines régions du monde, les violeurs vivent en toute impunité. En Afrique du Sud, un homme sur trois avoue avoir déjà violé et 25% des femmes disent avoir été victimes de viol.
Enfin, aux Emirats Arabes Unis, en Arabie Saoudite, en Somalie et au Bangladesh, les femmes violées sont punies par la loi (coups de fouet, lapidation ou prison selon les pays).
 
Education
Comme l’ONU le déclare : « l'éducation est un droit humain fondamental. » C’est également le critère de base de l’émancipation des femmes. Sans éducation, comment être indépendante financièrement ? Comment remettre en question la société et ses traditions ? Comment oser refuser les injustices ?
Pourtant, à l’échelle mondiale, environ 580 millions de femmes adultes sont illettrées, soit deux fois plus que les hommes.
La pauvreté et les traditions contribuent à tenir les filles loin du chemin de l’école. Le travail des enfants, les mariages et les grossesses précoces forcent les fillettes à quitter tôt le système éducatif. Dans certaines régions, les familles pauvres se contentent de n’envoyer que leurs garçons à l’école. Elles ne voient pas l’utilité d’envoyer leurs filles puisqu’elles n’ont aucun avenir professionnel, leur destin est de se marier, procréer et tenir leur foyer.
Parfois, la violence entre en jeu pour empêcher les filles d’aller à l’école. Dans certaines régions d’Afghanistan par exemple, où les attaques d’écolières à coup de jets d’acide ou l’empoisonnement de classes entières font partie des risques que prennent les filles qui veulent un accès à l’enseignement.
Pourtant, les bénéfices de l’éducation sur la condition des femmes n’est plus à démontrer. Les jeunes filles instruites ont une vie meilleure, elles ont moins d’enfants et les ont plus tard, ce qui diminue les risques de mortalité maternelle. D’après le directeur général de l’OMS : « l’éducation est un moyen puissant de briser le cycle de la pauvreté, de la mauvaise santé, de la misère et d’une condition inférieure que subissent les femmes de génération en génération. »
 
Traditions
D’après l’OMS, entre 100 et 140 millions de femmes ont subi une mutilation génitale (excision ou infibulation). En Egypte, 90% des femmes sont excisées. En France, on estime ce chiffre à 50 000.
Autre tradition destructrice dans la vie des femmes : les mariages forcés. Chaque jour, environ 20 000 filles mineures sont contraintes à se marier, la plupart ayant environ 10 ans.
En 2011, dans certaines régions du monde, l’honneur des familles se trouve encore entre les jambes des femmes et celle qui a le malheur de s’adresser à un inconnu, de perdre sa virginité avant le mariage ou de refuser une union arrangée, risque de mourir assassinée par les siens. Chaque année, des milliers de femmes sont tuées, violentées ou mutilées pour laver l’honneur de leur famille.
 
Santé
A l’échelle mondiale, chaque minute, une femme meurt à cause de sa grossesse ou de son accouchement. 99% de ces décès ont lieu dans des pays en voie de développement. L’ONU s’est fixé comme objectif la diminution de 75% des décès maternels de 2000 à 2015, mais il est peu probable qu’il soit atteint. Pourtant, des soins de santé de qualité, abordables et dispensés à temps permettrait d’éviter la plupart de ces décès.
 
Trafic
Les trois activités les plus lucratives pour le crime organisé sont : le trafic de stupéfiants, les ventes d’armes et la traite d’êtres humains. Cette dernière activité connaît la plus forte croissance. En effet, beaucoup de trafiquants de drogues se rabattent sur ce commerce moins risqué et bien plus rémunérateur. Inutile de démontrer que l'enlèvement d’un être humain qui peut être exploité à plusieurs reprises rapporte plus que des produits que l’on achète et ne revend qu’une fois. La plupart des êtres vendus sont des femmes et des enfants, à des fins sexuelles (prostitution, pornographie, clubs de strip-tease…).
Le trafic sexuel sévit dans tous les pays du monde, il suffit de regarder autour de nous pour nous en rendre compte. Des trottoirs de Paris à ceux de New-York en passant par Bangkok ou Moscou, le nombre de femmes exploitées par des proxénètes est vertigineux. On estime qu’environ trois millions de femmes sont victimes d’esclavage sexuel. D’après le US State Department, chaque année, entre 600 000 et 800 000 personnes sont victimes de trafic d’êtres humains. 80% d’entre eux sont des femmes, la plupart sont exploitées dans l’industrie du sexe.
 
Objétisation
L’expression « femme-objet » peut sembler désuète aujourd’hui, mais force est de reconnaître qu’elle est toujours d’actualité. Il arrive encore de voir des campagnes publicitaires qui véhiculent des clichés sexistes sans émouvoir grand monde. Pire que cela, récemment, une société française a fait parler d’elle en offrant les services de jolies jeunes femmes de ménage en tenue très légère. Un business qui a sa clientèle, tout comme celui très florissant des escorts girls.
Jusqu’où ira l’objétisation des femmes ? Tant que la misère pourra être exploitée, ce phénomène se poursuivra en repoussant toujours plus les limites du supportable. Le mois dernier, en Nouvelle-Zélande, un jeu-concours a fait scandale puisque le gros lot à gagner était… une femme ukrainienne.
 
Travail
Nous l’entendons à longueur d’année : dans tous les pays du monde, le travail des femmes est moins bien rémunéré que celui des hommes. En 2008, d’après la Commission européenne sur l’emploi et les affaires sociales, le salaire des femmes européennes était en moyenne inférieur de 17,8% par rapport au salaire des hommes. Cette différence allait de 4,9% en Italie jusqu’à 30,3% en Estonie. En France, les femmes gagnent en moyenne 19,2% de moins que les hommes. Ailleurs dans le monde, cet écart est de 19% aux Etats-Unis, 21% au Canada, 33% au Japon et 38% en Corée du Sud.
Des écarts qui, malgré les différentes législations persistent et ont de lourdes conséquences sur la vie et l'indépendance des travailleuses. En France, 22 % des femmes de plus de 65 ans sont en situation précaire contre 16 % pour les hommes. 
 
Liberté sexuelle
La liberté sexuelle est conditionnée par l’émancipation de la femme, la libération des mœurs et la reconnaissance d’une sexualité non reproductive.
La révolution sexuelle qui a eu lieu il y a 50 ans dans la plupart des pays occidentaux semble encore bien lointaine dans certaines régions du monde. Ainsi, au Moyen-Orient, une femme qui a un rapport sexuel avant le mariage peut être condamnée par la loi à des châtiments corporels ou à la peine de mort. Lorsque la loi ne se charge pas de contrôler la vertu des femmes, ce sont leurs familles qui s’en occupent, comme nous l’avons évoqué avec les crimes d’honneur.
La sexualité non reproductive et la liberté des femmes à disposer de leur corps est également un point sur lequel beaucoup de progrès reste à faire. D’après un rapport des Nations Unies datant de 2007, la proportion de femmes en âge de procréer utilisant un moyen contraceptif varie entre 3% au Tchad et 90% en Chine. La moyenne mondiale étant de 63%. Bien sûr, l’utilisation de contraceptifs est plus répandue dans les pays développés que dans les régions pauvres, ce constat est flagrant sur cette carte.
En Afrique Subsaharienne, seulement 22% des femmes en âge de procréer utilisent un moyen contraceptif.
Observez cette carte du Monde Diplomatique de l’état des législations sur l’avortement en 2006 et vous constaterez que les pays où l’avortement est légal sont minoritaires. Par ailleurs, la comparaison avec la carte du dessous sur la mortalité maternelle dans le monde fait froid dans le dos.
Il convient de garder une certaine vigilance sur la question de l’avortement, car même dans les pays où la loi l’autorise, il est constamment menacé. Que ce soit de manière directe comme aux Etats-Unis où les associations pro-life et certains politiciens se mobilisent contre cette pratique, ou indirectement, comme en France, où le nombre de centres d’IVG ne cesse de diminuer.
 
De nombreuses batailles ont été gagnées dans la lutte des femmes pour plus de justice, mais nous constatons qu’il reste encore beaucoup à faire. Alors non, une journée pour méditer sur les droits des femmes n’est pas de trop, c’est au contraire bien insuffisant.
 
 
Photo : Wikimedia Commons, Suffragettes à New York City, 1912.
 
agoravox.fr, 8 mars 2011
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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 10:12
Des « femmes courage » en première ligne au Moyen-Orient



Elles ne veulent pas laisser les hommes occuper seuls la première ligne de la contestation des dictatures au Moyen-Orient et font entendre leur voix


Sihem Bensedrine (ici en 2005, à Tunis), célèbre militante des droits de l’homme harcelée par le régime de Ben Ali redémarre son métier de journaliste (photo Belaid/AFP).
 

En Tunisie, Sihem Bensedrine la tenace

A 61 ans, certains songent à couler des jours paisibles à la retraite. Sihem Bensedrine, elle, démarre une nouvelle vie dans la Tunisie démocratique naissante. Emportée dans le tourbillon tunisois, elle parle vite parce que le temps lui manque.

Depuis quelques jours elle goûte une belle revanche de l’histoire. Le tribunal administratif a annulé le 28 février dernier une décision du ministre de l’intérieur de 1999 qui interdisait le Conseil national pour les libertés en Tunisie (CNLT) – effaçant douze ans d’illégalité sous le régime Ben Ali. Elle est une des fondatrices et l’actuelle porte-parole. « On est légaux rétroactivement », s’émeut-elle dans les bureaux du CNLT, un appartement au bout d’un couloir, sans plaque sur la rue, qui a encore l’allure d’un repaire pour dissidents.

La justice ne peut, en revanche, effacer la galère des années. Militante historique, Sihem Bensedrine quitte en 1994 la Ligue tunisienne des droits de l’homme avec l’ancienne équipe de direction lorsque, par un coup de force, les militants du parti de Ben Ali prennent le pouvoir en son sein.

C’est pendant ces années de « silence de cimetière », selon son expression, que, à 35, ils réalisent ce coup de bravoure : ils fondent le CNLT, restent en petit comité soudé pour éviter d’être infiltrés et travaillent dans la clandestinité avec la police politique qui campe à leur porte. « On a réussi à publier des listes de tortionnaires et de prisonniers politiques, Internet nous a sauvés. »

Sihem Bensedrine a tout enduré. Journaliste empêchée de travailler, sa première maison d’édition fut mise en faillite en 1994, sa seconde fermée en 2000. Elle fut salie par des montages pornographiques, privée de passeport, son mari agriculteur mis en résidence surveillée, etc.

La solidarité familiale joue alors à plein pour nourrir les trois enfants puis l’aide internationale (une bourse allemande pour journalistes persécutés, un financement du Pen Club international) fournit des subsides après son arrestation en 2001. « Ce fut la première erreur du régime Ben Ali, mon arrestation a suscité un élan d’indignation et de solidarité internationale, avant on nous tuait à petit feu », explique-t-elle.

Bientôt Sihem Bensedrine touchera un vrai salaire. Sa radio indépendante, « Kalima » (« parole ») dispose d’un studio complet offert par France Inter et émet sur le Web en attendant d’avoir une fréquence radio.

Et, main dans la main, le CNLT, la Ligue (qui a retrouvé son intégrité dans les années 2000), l’Association des femmes démocrates et le Syndicat des journalistes se consacrent déjà aux enjeux des réformes démocratiques, en restant très vigilants. « Le risque d’infiltration reste totalement d’actualité », affirme celle à qui on n’en conte plus depuis longtemps.

En Egypte, Soulefa Magdi la discrète

Un voile rouge et noir noué derrière la nuque, Soulefa Magdi est comme toujours impeccable : ses vêtements sont parfaitement accordés aux couleurs de son voile, et un trait de khôl souligne ses grands yeux noirs. Cinq jours après la chute de Hosni Moubarak, cette militante de 24 ans participait à une réunion de Justice et Liberté, le mouvement pour la démocratie qu’elle a créé avec une centaine d’autres jeunes en juillet 2010.

« On avait tous été émus par le meurtre de Khaled Saïd, un jeune qui avait été battu à mort par des policiers en civil à Alexandrie, un mois plus tôt. Les photos de son visage tuméfié ont circulé sur Internet. Il aurait pu être mon frère, mon ami, mon fiancé. » Cet énième cas de violence policière a poussé Soulefa à lutter contre le régime de Hosni Moubarak.

« Depuis longtemps je voulais changer les choses, mais je ne savais pas trop comment. J’ai travaillé quelques mois comme journaliste, mais ça ne me semblait pas suffisant », explique-t-elle. Lorsqu’elle rencontre des jeunes qui ont les mêmes idées qu’elle, elle trouve enfin l’engagement qui lui correspond, loin des partis politiques compromis avec le pouvoir. « L’idée de ce mouvement est de réunir la critique du régime et les revendications économiques, parce que les deux sont liés. »

Dans les réunions politiques, Soulefa est loin d’être la première à prendre la parole. La jeune fille, employée de banque dans la vie courante, est plutôt discrète. Mais cette ancienne étudiante en droit sait ce qu’elle veut : pendant le soulèvement, elle était chaque jour dans les manifestations, faisant face aux gaz lacrymogènes, aux hommes de main du régime, dormant sur la place Tahrir.

Elle a aussi tenu tête à son père, membre du parti au pouvoir. « Il désapprouve mon engagement, mais en plus il pense que la politique, c’est comme les milieux artistiques : les filles ne devraient pas s’en mêler pour conserver une bonne réputation ! »

Même si elle déplore qu’ils ne se parlent presque plus, elle tient à sa liberté. « C’est ma vie : mon père devrait respecter mes choix politiques, comme moi je respecte les siens. Je ne pense pas faire quelque chose qui déplaît à Dieu en me battant pour la démocratie, c’est l’essentiel. » Sa mère, palestinienne, l’a en revanche soutenue dès le début.

La jeune fille admet qu’il reste beaucoup à faire pour détruire le régime en place. Mais ce qui a été accompli la remplit déjà de joie. « Lorsque j’ai commencé ce combat, je rêvais de voir un jour les gens marcher dans la rue avec le sentiment d’être libres “à l’intérieur”. Et ce jour est arrivé », dit-elle, le visage rayonnant.

En Libye, Inès Al Drissi, éprise de liberté

Depuis deux semaines, Inès et son amie Najla s’occupent des journalistes étrangers qui affluent à Benghazi : elles les aident à trouver des traducteurs, des contacts, les renseignent sur les conférences de presse de l’opposition. « Nous sommes reconnaissants envers la presse, c’est très important de raconter ce qui se passe ici », affirme Inès Al Drissi, 23 ans.

Elle enchaîne réunion sur réunion : celles du « service de presse » des insurgés, celles du « comité éducation », dont elle fait partie. Dévouée à la révolution, elle rentre rarement chez elle avant 22 heures. « Cela me semble naturel. J’ai rejoint les manifestants devant le palais de justice de Benghazi le 17 février, alors que plusieurs de mes amis étaient déjà en train de se battre. Certains ont été tués depuis. Nous voulons en finir avec la dictature de Kadhafi. Nous irons jusqu’au bout », martèle la jeune femme au regard vif.

Issue de la petite bourgeoisie de Benghazi, Inès, contrairement à la quasi-totalité des Libyennes de sa génération, ne porte pas le voile. « Certains me disent que je vais aller en enfer parce que je suis pas voilée. Je n’y crois pas. Je prie cinq fois par jour, et ce que je fais pour mon peuple, en me battant pour la liberté, je pense que c’est plus important aux yeux de Dieu », dit-elle simplement, rajustant ses lunettes aux larges montures rouge vif.

Avec son frère Anas et ses amis, l’étudiante en médecine a d’abord imaginé la révolution sur Facebook. « On discutait en ligne d’organiser des manifestations à Benghazi, après les révolutions en Tunisie et en Égypte. Mais on ne pensait pas que la même chose serait possible ici », avoue-t-elle. « Ne serait-ce que défiler dans la rue, ça nous semblait inimaginable », sourit-elle, gonflée d’enthousiasme et de fierté.

Inès pense déjà à l’après-Kadhafi. « Il faut changer beaucoup de choses en Libye, notamment dans l’éducation : il faut réintroduire les langues étrangères, moderniser les méthodes d’enseignement. Et, bien sûr, supprimer l’étude du Livre vert, qui a été obligatoire pour moi du primaire à l’université ! »

La jeune femme ne doute pas du succès de la révolution. « Les combats sont de plus en plus durs, il y a beaucoup de morts. Qu’attend la communauté internationale pour intervenir Il faut des frappes ciblées sur les intérêts de Kadhafi. »

« Liberté », c’est le mot qui revient le plus dans la bouche d’Inès. Même si le dictateur n’est pas encore tombé, elle s’empare déjà avec avidité de ce nouveau droit. Elle qui a voyagé quelquefois en Europe, elle n’imagine pas, désormais, pouvoir vivre sans dire ce qu’elle pense.

Au Yémen, Tawakol Karman la militante

Son foulard coloré est de tous les défilés. Si ces dernières semaines c’est aux côtés des étudiants en colère qu’on l’aperçoit le plus souvent, par le passé, il a accompagné bien d’autres combats. Depuis 2007, chaque mardi sur la place de la Liberté de Sanaa, le « hidjab militant » de Tawakol s’affiche au côté de journalistes, citoyens ou intellectuels rassemblés pour défendre la liberté d’expression. Un rendez-vous organisé par la jeune femme elle-même, à travers son association Femmes journalistes sans chaînes.

La militante s’attache également à protéger les citoyens bafoués et les familles de détenus ; ainsi le vent de contestation qui souffle sur le Yémen depuis plus d’un mois lui apparaît-il comme une aubaine. « C’est enfin l’occasion d’élever notre combat au nouveau national et de rétablir la justice dans notre pays ; c’est notre moment, on ne doit pas le rater », confie-t-elle.

Tawakol a pressenti l’arrivée d’une tempête sur la Péninsule arabique. Le 29 janvier dernier, accompagnée d’une cinquantaine de personnes demandant la chute du régime, elle avait tenté de se rendre vers l’ambassade égyptienne, avant d’être attaquée par des partisans du régime. « Elle essaye de déstabiliser le pays », scandait alors un pro-gouvernement, sa jambya, poignard traditionnel yéménite, fièrement ceinturée autour de la taille.

Mais la jeune femme n’est pas du genre à se laisser intimider. Une heure après cet incident, d’une voix convaincue, elle déclarait : « Je continuerai même s’ils veulent me tuer. Si c’est le prix à payer pour offrir au Yémen un meilleur futur, je suis prête. S’ils essayent à nouveau de me blesser avec leur couteau, je descendrai à Taez. »

Taez est sa ville de naissance. Tawakol a grandi dans cette cité, foyer intellectuel du Yémen, avec ses neuf frères et sœurs. Elle y a étudié la gestion à l’université. Après une brève carrière de journaliste, elle devient membre d’Islah, le principal parti d’opposition. L’arrivée d’une femme sur la scène politique yéménite, jusqu’alors uniquement masculine, fait date.

Aujourd’hui, un mois après l’attaque la visant, une brève détention et plusieurs nouvelles tentatives d’intimidation, perchée sur un podium installé devant l’université de Sanaa, devenu le point de ralliement des manifestants, Tawakol sourit. Telle une artiste qui reçoit les ovations, l’œil ébloui, elle regarde la dizaine de milliers de protestataires venus demander le départ de leur président. Et lance un clin d’œil bref et complice, avant de se retourner vers son public.

Marie Verdier (à Tunis), Nina Hubinet (au Caire et à Benghazi), Charlotte Velut (à Sanaa)

la-croix.com, 7 mars 2011

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 09:57

Les histoires du 8 mars 

08 mars 2011

 

Bien qu’elle n’ait été officialisée qu’en 1977, on célèbre la Journée des femmes depuis plus de cent ans. Les Chinoises et les Russes ont même droit à un jour de congé. Mais au fait, pourquoi met-on les femmes à l’honneur le 8 mars et pas un autre jour de l’année ? Françoise Picq (1), sociologue spécialiste du mouvement féministe, nous rafraîchit la mémoire.

 

Tout le monde le sait : le 8 mars, on fête les femmes. La journée est dédiée aux revendications féminines pour l’accès à l’éducation, à l’égalité salariale, politique et sociale. Pour les instances internationales, c’est l’occasion d’établir un état des lieux de la situation des femmes à travers le monde.

 

Mais sait-on que cette manifestation est vieille d’un siècle, ou comment elle a émergé ? « Le 8 mars n’est pas une tradition féministe, mais communiste, annonce tout de go Françoise Picq. L’idée d’une journée des femmes fut proposée en 1910 lors de la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes par la militante SPD Clara Zetkin. L’objectif étant de contrecarrer l’influence des féministes bourgeoises sur les femmes du peuple ; car si les militantes socialistes revendiquaient le droit de vote féminin, leur cheval de bataille restait la lutte des classes. »

 

L’idée fait son chemin. Jusqu’au 8 mars 1917, le jour où des manifestations d’ouvrières à Saint-Pétersbourg déclenchent la Révolution russe. « Dès lors, cette date est célébrée dans tous les pays sous influence soviétique. C’est une façon de mobiliser les ouvrières tout en les maintenant à distance des mouvements féministes », précise Françoise Picq.

 

 

Dans les années 70, la journée du 8 mars intègre cependant le giron féministe, par l’entremise d’un épisode encore plus antérieur (et pour le moins mystérieux) : la révolte de couturières new-yorkaises du 8 mars 1857… dont on ne trouve, soit dit en passant, aucune trace dans les journaux ou les documents officiels de l’époque ! Une légende apparue dans les pages du journal L’Humanité, en 1955, et qui, malgré son absence de fondement historique, a depuis la peau dure. « Si les féministes adhèrent à cette jolie histoire, c’est parce qu’elle permet de distinguer la Journée internationale des femmes de l’influence soviétique », analyse la sociologue. De la dépolitiser, en somme : un petit arrangement avec l’Histoire à une période où l’Union soviétique n’a plus la cote.

 

Et aujourd’hui, quelle valeur a ce 8 mars ? On peut regretter que cette date soit devenue un prétexte marketing. « Mais c’est aussi un baromètre de la question des femmes à travers le monde, nuance Françoise Picq. Cela permet de voir la qualité de la mobilisation. Quand en 2003, Ni Putes Ni Soumises organise la Marche des femmes des quartiers, on assiste à un renouvellement du féminisme, avec une autre problématique et de nouvelles militantes. En France notamment, on pense qu’il n’y a plus de raison de se battre, que nous sommes déjà égaux. Or, le plafond de verre est encore très solide. » 

 

(1) Dernier livre paru : Libération des femmes, quarante ans de mouvement (Éditions Dialogues.fr).

 

LeFigaro.fr, 8 mars 2011

 

Les histoires du 8 mars

Pourquoi une Journée internationale des femmes ? La réponse de la sociologue Françoise Picq

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 09:43
8 Mars : L'Association "Elu/es contre les violences faites aux femmes" solidaire des femmes du monde entier

 

 

« Les élu/es doivent mettre en oeuvre des politiques publiques pour l’égalité et contre les violences faites aux femmes »

A l’occasion de la journée internationale pour les droits des femmes, l’association ECVF (Elu/es contre les violences faites aux femmes) exprime sa solidarité avec les femmes du monde entier, victimes de discriminations et de violences sexistes sous toutes leurs formes, dont les droits sont bafoués quotidiennement.

 

Des discriminations dans toutes les sphères de notre société Cette journée doit être aussi l'occasion d'alerter l'opinion publique et les acteurs de la vie politique, sociale et économique sur la persistance des discriminations sexistes en France dans toutes les sphères de notre société - dans la vie familiale et conjugale, au travail, dans le système éducatif, dans l'espace public, dans l'espace politique,... Ces inégalités de genre se traduisent notamment par une plus grande précarité du travail féminin. Le manque d’autonomie financière qui en résulte, surexpose les femmes à la violence.
 

Association engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, ECVF considère que les discriminations sous toutes leurs formes génèrent des situations de violence, et qu’elles sont en elles-mêmes une forme de violence plus subtile, largement invisibilisée par notre société. La lutte pour l'égalité des sexes et contre toute forme de discrimination et de violence à l'égard des femmes nécessite donc une réflexion globale sur les inégalités de genre et la place des femmes dans notre société.

Pour l’égalité, contre les violences : des politiques publiques, avec moyens suffisants, sont indispensables Dans ce combat, l'association ECVF est plus particulièrement engagée dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles - viol, inceste, mariages forcés et mutilations sexuelles,  violences physiques et psychologiques, harcèlement moral et sexuel, prostitution.

 

Malgré la volonté affichée par le gouvernement de s'engager dans le combat contre ces violences au côté des associations, ECVF, membre du Collectif de 25 associations labellisé « Grande Cause nationale 2010 – Lutte contre les violences faites aux femmes », tire aujourd'hui un bilan globalement négatif de cette « Grande Cause ». La quasi absence de budget alloué spécifiquement au Collectif, et la diminution des aides publiques aux associations engagées dans ce combat, au point de menacer l'existence de beaucoup d'entre elles, témoignent de l'incohérence de
l'engagement gouvernemental. Aussi, ECVF s'interroge sur l'existence d'une réelle volonté politique en matière d'égalité des sexes et en particulier de lutte contre les violences sexistes.

 

L’année 2010 a aussi été marquée par l’adoption de la loi du 9 juillet 2010 « relative aux violences faites spécifiquement aux femmes, aux violences au sein des couples et aux incidences de ces dernières pour les enfants », suite à une mobilisation des associations féministes depuis plusieurs années. Sa principale mesure est la création de l’ordonnance de protection. Alors même que cette loi était votée l’année de la Grande Cause, la demande d’un Observatoire des violences faites aux femmes ainsi que de plusieurs dispositifs axés sur la prévention des violences et l’accompagnement des femmes qui en sont victimes et de leurs enfants, ont été refusés au motif qu’il ne fallait pas créer de dépense nouvelle.

Pourtant, au-delà de ces avancées législatives, il est indispensable que des moyens importants soient débloqués pour permettre l’application de la loi, et la mise en place d’une politique globale de lutte contre les violences et pour l’égalité.
 

La journée du 8 mars est l'occasion de rappeler que cette lutte est un enjeu politique majeur qui nécessite
l’implication de tous/toutes les élu/es. C’est pourquoi ECVF les encourage, à travers ses formations et ses actions de
sensibilisation, à mettre en place des politiques publiques spécifiques contre les violences faites aux femmes.

 

Association membre du Collectif labellisé « Grande cause 2010 Lutte contre les violences faites aux femmes »

l'Humanité.fr, 7 mars 2011

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8 mars 2011 2 08 /03 /mars /2011 09:26

L'image figée de la femme multitâches

 

Il n'est pas toujours facile d'être un homme, mais il est plus difficile encore d'être une femme : c'est ce que semblent dire, à l'unisson, les quelque 8 000 personnes interrogées dans huit pays par l'Ipsos à la demande d'Aufeminin.com, le leader des sites féminins dans le monde avec plus de 44 millions de visiteurs uniques par mois. "L'enquête confirme les difficultés actuelles rencontrées par une partie de la gent féminine, qui doit continuer à mener de front vie professionnelle, familiale et domestique tout en cherchant à pouvoir s'épanouir individuellement", résume l'Ipsos.

 

Les chiffres sont sans appel : en France, 95 % des sondés estiment qu'il est facile d'être un homme mais ce pourcentage tombe à seulement 75 % lorsqu'il s'agit d'être une femme. Les sondés semblent avoir parfaitement conscience de la persistance des inégalités : des écarts de salaire d'environ 20 %, une parité politique inachevée - 81,5 % des députés sont des hommes - et surtout, une répartition très déséquilibrée des tâches ménagères - 80 % sont assumées par les femmes - qui pèse lourdement sur leur investissement professionnel.

Cette profonde disparité domestique, qui ralentit considérablement les carrières des femmes apparaît clairement dans le sondage. Dans le domaine de l'éducation des enfants, 82 % des femmes se disent ainsi décisionnaires contre seulement 35 % des hommes. Le même déséquilibre s'observe pour d'autres registres de la vie familiale : les achats de vêtements - 93 % des femmes contre seulement 19 % des hommes - ou les courses - 86 % des femmes contre seulement 24 % des hommes.

 

Tolérance, générosité...

Cette répartition traditionnelle des tâches qui a survécu à l'entrée massive des femmes sur le marché du travail montre que bien des stéréotypes continuent à imprégner nos mentalités. Le sondage met ainsi en évidence le fait que les imaginaires féminin et masculin restent très différenciés. Invités à citer les "valeurs associées aux femmes", les sondés citent ainsi, en ordre décroissant, la tolérance, la générosité, la sagesse et la psychologie. Pour les hommes, les sondés préfèrent invoquer le pouvoir, l'ambition, la réussite et l'action...

Une polarisation d'autant plus paradoxale que, lorsqu'on interroge les sondés sur les valeurs qui leur correspondent le mieux, les frontières entre les sexes semblent s'abolir : hommes et femmes donnent quasiment les mêmes réponses - famille, honnêteté, fidélité et respect. Les "critères qui comptent dans la vie" sont, eux aussi, très semblables d'un sexe à l'autre : "avoir un objectif", "être apprécié des autres" et "gagner de l'argent " sont les trois items qui arrivent en tête pour les femmes comme pour les hommes.

 

Si l'on en croit les sondés, la situation des femmes françaises semble malgré tout plus enviable que celles des autres citoyennes européennes. Chez nos voisins - en Allemagne, en Espagne ou au Royaume-Uni, par exemple -, moins de 70 % des sondés estiment qu'il est facile, aujourd'hui, d'être une femme. En Italie ou en Pologne, les chiffres sont plus bas encore : seuls 44 % des Italiens et 39 % des Polonais semblent convaincus qu'il est simple, aujourd'hui, dans leur pays, d'être une femme.


Enquête Ipsos effectuée pour Aufeminin.com, selon la méthode des quotas, du 17 au 31 janvier auprès de 8 064 personnes dans huit pays (Allemagne, Canada, Espagne, France, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Suisse)

 

Anne Chemin

Chiffres

 

80 % des tâches domestiques sont assurées par les femmes

95 % des sondés estiment qu'il est facile d'être un homme, 75% d'être une femme

86 % des femmes se disent "décisionnaires" pour les courses

68 % des hommes contre 53% des femmes se disent "sûrs d'eux"

82 % des femmes se disent "décisionnaires" dans l'éducation des enfants

51 % des femmes jugent que la fidélité est une valeur féminine (43 % des hommes)

 

 

Article paru dans l'édition du 08.03.11. (LeMonde.fr)

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2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 11:19
«Sans les immigrés, la France ne tournerait pas»

Ce mardi avait lieu, pour la deuxième année, la journée «vingt-quatre heures sans nous». «Nous»? Ceux qui entendent rappeler que l'immigration, ça a du bon.

 

Par CORDÉLIA BONAL

 

 

Place de la Bourse à Paris.

Place de la Bourse à Paris. (C.B.)

 

 

Slogan: «24 heures sans nous». Signe de ralliement: un petit ruban jaune. Enlevez de la société française tous ceux qui ont un ancêtre étranger, que reste-t-il?

Plus grand monde, entendaient rappeler ce mardi à ceux qui l'oublieraient les organisateurs de la «journée sans immigrés». Comme l'année dernière lors du coup d'essai de l'opération, l'idée était d'appeler les Français en général, quelle que soit leur origine, à arrêter de travailler et de consommer le temps d'une journée pour montrer, en creux, l'apport de l'immigration à la société française. Et en finir avec la stigmatisation ambiante.

 

Derrière cette démarche, un collectif né fin 2009 d'un «ras-le-bol commun» après une petite phrase de trop, celle d'Hortefeux - «Quand y en a un, ça va...» Profs, cadres, journalistes, ils se sont organisés via Facebook en prenant soin de garder leurs distances avec toute récupération syndicale ou politique, même si des organisations comme le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) s'associent à la démarche. Un an plus tard, et à l'approche de la présidentielle, leur manifeste (à lire ici, accompagné d'un appel à signer), leur paraît plus que jamais d'actualité.

Les comités locaux organisaient ce mardi des manifestations dans une quinzaine de ville (lire ici l'interview recueillie par notre correspondante à Lille). A Paris, le rendez-vous était donné à la mi-journée place de la Bourse.

 

Liberation.fr, 1er mars 2011

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 10:36

Coût du travail : les «vrais » chiffres de l'Insee relativisent l'écart avec l'Allemagne

 

Les deux pays sont au coude-à-coude dans l'industrie manufacturière, avec un coût horaire de 33,16 euros en France et de 33,37 euros en Allemgne en 2008.

 

L'Insee rectifie le tir. L'institut statistique a publié lundi 28 février de nouveaux chiffres sur l'évolution du coût de la main d'oeuvre, qui révisent fortement à la baisse ceux communiqués en décembre à Eurostat. Et pour cause  : ces derniers s'étaient révélés faux suite à une erreur de l'Insee concernant la prise en compte des RTT dans le calcul de la durée travaillée.

Moins élevés, les « vrais » chiffres limitent du même coup les écarts avec l'Allemagne.  Selon l'Insee, le coût horaire du travail dans l'ensemble de l'économie (industrie, services et construction) s'établissait à 31,50  euros en France en 2008, date de la dernière enquête quadriennale menée au niveau européen. Ce niveau est supérieur à l'Allemangne (28,90 euros) mais tout de même moins important que celui précédemment estimé.

Les comparaisons internationales étant toujours délicates, « mieux vaux s'intéresser au seul champ manufacturier où les structures de production sont très proches entre les deux pays », préconise Sylvie Lagarde, responsable du département « Emplois et revenus d'activité » de l'Insee. Dans ce cas, les deux pays font à peu près jeu égal. Le coût horaire français se montait à 33,16 euros en 2008, très légèrement inférieur à celui de l'Allemagne (33,37 euros). Rien à voir donc avec les premières données qui donnaient un niveau supérieur de 4 euros côté français...

Politique de modération salariale unique en Europe

Au delà, « les nouveaux chiffres ne changent rien au message sur l'évolution du coût horaire », temporise Sylvie Lagarde. Depuis 2000 , il progresse bien plus vite en France qu'en Allemagne », poursuit elle. Précisément, de 38% dans l'industrie manufacturière français de 2000 à 2008, contre 17% outre-Rhin. « L'écart s'est surtout creusé entre 2000 et 2004 , ce qui s'explique pour plus de moitié par la réduction du temps de travail en France », ajoute-on à l'Insee. Dans le même temps, l'Allemagne s'est, elle, lancée dans une politique de modération salariale unique en Europe.

Auteur d'un rapport sur la divergence de compétitivité entre la France et l'Allemagne, COE-Rexecode estime que les nouveaux chiffres « n'enlèvent rien au fait que la France a perdu son avantage de 15% qu'elle avait en 2000 ». Prolongeant les chiffres de 2008 jusqu'au troisième trimestre 2010, l'institut estime même que le coût du travail est désormais un peu supérieur dans l'industrie française qu'en Allemagne (à 34,60 euros et 33,80 euros). 

Relativisant ce débat, l'économiste Mathilde Lemoine (HSBC) estime que « la compétitivité coût n'est qu'un tout petit aspect de la compétitivité totale ».  En revanche, « la compétitivité hors prix est un élément extrêmement important sur lequel la France est très faible, notamment à cause d'un manque d'innovation des entreprises ».

FRÉDÉRIC SCHAEFFER
Lesechos.fr, 28 février 2011
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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:59
Psychiatrie : pétition contre une loi confuse et sécuritaire

10 000 signataires dénoncent un projet, discuté à l’Assemblée le 15 mars, qui passe à côté de la complexité de la maladie mentale.

 

Par ERIC FAVEREAU

Une fronde soudaine. En quelques jours, près de 10 000 de signatures ont été collectées. Le nouvel appel du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, que publie aujourd’hui Libération, rencontre un succès inédit. «On étouffe. Cette loi sur les soins psychiatriques est une catastrophe, explique le Dr Hervé Bokobza, un des porte-parole du collectif. Cette façon de parler de la folie est honteuse. La psychiatrie a besoin de soins, de se montrer hospitalière, et non pas d’endosser les habits du carcéral et du tout médicament,comme le sous-tend ce texte de loi.»

 

Le projet ne doit rien au hasard. Sa naissance est du Sarkozy pur sucre, à la suite d’un fait divers dramatique.

C’était en novembre 2008. Dans une rue de Grenoble, un étudiant se fait poignarder par un malade mental en fugue. Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy annonce un plan de sécurisation des hôpitaux psychiatriques, avec une multiplication des chambres d’isolement, l’instauration de bracelets électroniques. Le président exige également une nouvelle loi sur les hospitalisations sous contrainte. Un premier texte est adopté en Conseil des ministres au printemps dernier. Mais, peu après, le Conseil constitutionnel change la donne : les sages demandent au législateur que, pour les hospitalisations sous contrainte, un juge soit saisi lorsque le patient est retenu contre son gré plus de quinze jours. Nouvelle modification du texte de loi.

 

«Péril». Le résultat final est confus, sans grande cohérence. Pêle-mêle, on va pouvoir désormais «soigner» sans le consentement du patient, même quand celui-ci n’est pas hospitalisé, en ambulatoire. Est créée de toutes pièces une nouvelle typologie de placement contraignant : «le péril imminent», sans pour autant le définir. Est instituée une sorte de «garde à vue sanitaire» de soixante-douze heures, quand le malade est hospitalisé sans son accord. Parfois, c’est le directeur de l’hôpital qui sera le responsable ; d’autres fois, un collège d’experts, voire le préfet. Et, en écho au drame de Grenoble, les sorties d’essai sont toutes supprimées.

 

Le texte part dans tous les sens, avec un arrière-fond sécuritaire manifeste. Il ne va, d’aucune façon, répondre aux défis actuels. Car aujourd’hui, la psychiatrie publique est profondément fragilisée. Dans les hôpitaux, les postes vacants se comptent par centaines. Plus de 10 000 lits ont été fermés. «Nous sommes confrontés à des patients de plus en plus désociabilisés», insiste Alain Mercuel, psychiatre et spécialiste de la précarité à l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Toute la chaîne de prise en charge se fissure, avec des malades souvent abandonnés à eux-mêmes, des familles qui se noient dans leur malheur. «Répondre à cela par l’enfermement n’est en rien la solution, nous disait récemment le psychiatre Roger Ferreri, chef de service dans l’Essonne. On mélange tout, la contrainte n’est pas du soin, c’est une décision de la société. La société a le droit de se protéger, mais lorsque vous mettez quelqu’un dans une chambre d’isolement, vous n’avez pas le droit de penser que c’est pour son bien.»

 

anonymes. Conçu à partir de cas exceptionnels, ce projet du gouvernement, perçu comme «liberticide», oublie l’incroyable mystère qui réside dans la folie. Comme si celle-ci n’était qu’une simple maladie qu’il fallait «traiter», de gré ou de force. D’où ces réactions en chaîne : quand on regarde les signataires de cet appel, il y a, en effet, quelque chose de surprenant. Ils viennent de tous les milieux. Il y a les noms connus : Stéphane Hessel, Edgar Morin, Rony Brauman. Il y a des grands noms de la planète psy, comme Jean Oury, Caroline Eliacheff, Catherine Dolto, Elisabeth Roudinesco. Des politiques aussi : cela va du PS à Jack Ralite, Pierre Laurent (PCF), les Verts. Des syndicalistes, des magistrats comme Serge Portelli. Des personnalités de la culture, comme Leslie Kaplan, Jean-Michel Gremillet, Yves Clot. Et une foule d’anonymes, comme Maryse, «malade bipolaire, résidant à Auxerre». «Que pouvons-nous dire, en tant que malades, face à ce projet de loi ?, écrit un collectif d’associations de malades. Sommes-nous coupables de notre maladie ?» Une manifestation est prévue le 15 mars devant l’Assemblée, jour où les députés commenceront à débattre du projet.

 

Liberation.fr, 28 février 2011

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:42
Discrimination à l'embauche : et si on recrutait autrement ?

Des candidats patientent avant un entretien d'embauche, le 6 août 2009 à Washington (Jason Reed/Reuters).

 

Depuis une dizaine d'années environ, les pouvoirs publics et les entreprises ont lancé un certain nombre d'initiatives en faveur d'une meilleure prise en compte de la diversité dans le monde du travail.

Un mouvement favorisé par la création de la Halde et la mise en place de la Charte de la diversité en 2004, ou bien encore la création du label diversité en 2008. Des mesures qui n'empêchent pas la persistance des discriminations sur le terrain.

L'idée

Les chiffres parlent d'eux-mêmes :

  • En 2010, seuls 3% des actifs travaillaient dans des entreprises labellisées diversité, généralement au sein de grands groupes ;
  • fin 2010, 9,3% de la population active était sans emploi (23,3% des 15-24 ans – 8% si l'on met de côté les jeunes qui suivent un cursus scolaire, selon Eric Heyer, directeur adjoint au département analyse et prévision de l'OFCE – et 6,1% des 50 ans et plus, selon l'Insee) ;
  • 77% des jeunes occupent un emploi trois ans après la fin de leurs études, un chiffre qui tombe à 66% quand les deux parents sont nés à l'étranger.

Globalement, les études montrent que l'âge, l'origine ethnique et le handicap sont les premiers facteurs (PDF) de discrimination à l'embauche.

Pourtant, selon une étude du réseau IMS-Entreprendre pour la cité (PDF), la diversité des ressources humaines pourrait augmenter la rentabilité de 5 à 15 %, selon les types d'activité. (Télécharger l'étude « Diversité du capital humain et performance économique)

Ce que confirme Françoise Dissaux-Doutriaux, spécialiste des RH. Pour elle, la diversité est une nécessité pour faire face à la pénurie prochaine de ressources, et “ un atout en termes de compétitivité : c'est rarement de l'uniformité que naissent la créativité, l'innovation, l'ouverture ”.

Il est donc urgent d'inclure effectivement la diversité dans les processus de recrutement.

Parmi les recommandations préconisées dans le rapport sur la diversité dans l'entreprise (PDF), remis au gouvernement en juin 2010, figurent :

  • la promotion de la méthode de recrutement par simulation (MRS),
  • une meilleure prise en compte de la diversité dans la commande publique.

Mais c'est aussi sur le terrain que l'on voit naître des initiatives innovantes.

Comment la mettre en pratique ?

Depuis 2007, le cabinet de conseil Mozaïk RH travaille à “ dynamiser les politiques RH grâce au facteur diversité ”. Comment ?

  • D'un côté en accompagnant ses partenaires (Capgemini, SFR, Nestlé, Orange, BNP Paribas…) dans le recrutement de jeunes diplômés issus de quartiers populaires. Avec au menu des managers et équipes RH : formations, ateliers de sensibilisation, plans d'actions, etc…
  • De l'autre, en allant à la rencontre des candidats potentiels, en les présélectionnant, en les aidant à valoriser leurs compétences, et en les mettant en contact avec les entreprises intéressées.

L'objectif étant, comme l'explique Mariam Khattab, responsable du département recrutement, de “ proposer la richesse de la différence, quels que soient l'origine, le genre, la nationalité ou le handicap. On peut être compétent sans être passé par Sciences Po ou HEC. ”

En 2010, Mozaïk RH a placé 400 personnes et accompagné plus de 1 100 jeunes (préparation aux entretiens, coaching, réalisation de CV vidéo…).

Lancé il y a un an, le site ParcoursAtypique.com s'adresse quant à lui aux personnes dont le parcours professionnel non linéaire “ ne rentre pas dans des petites cases ”, ce qui, bien souvent, les pénalise dans leur recherche d'emploi.

Long séjour à l'étranger, congé parental, maladie, période de détention, carrière militaire, autant d » expériences qui, selon Thomas Grimaux, le fondateur du site, ont contribué à forger la personnalité du candidat, à renforcer sa motivation et à développer de précieux « savoir-être ».

Dans cette perspective, le CV reste un outil, mais il s'inscrit dans une présentation beaucoup plus fouillée et exigeante des expériences du candidat :

« Publier son profil sur ParcoursAtypique.com demande entre une et quatre heures (la motivation est donc présente) ; et un système d'anonymat lui donne la possibilité de tout expliquer “(j'ai eu ce changement de carrière parce que notre enfant était handicapé et qu'il fallait trouver une structure proche”, etc…). »

 

Thomas Grimaux, lui-même passé par le recrutement à l'international et le travail humanitaire en zones de guerre, est en voie de réussir son pari : aujourd'hui, 10 000 candidats sont inscrits, pour 120 entreprises partenaires. Des petites et moyennes entreprises, mais aussi des grands groupes comme L'Oreal , la Société générale ou Suez Environnement.

Ce qu'il reste à faire

Pour Jean-François Amadieu, directeur de l'Observatoire des discriminations et professeur à La Sorbonne, ces initiatives restent « un traitement homéopathique » face à un marché qui reste faussé par la cooptation et les discriminations.

« Près de la moitié du recrutement passe par des relations, des contacts. Et au-delà des motifs de discrimination réprimés par la loi, il en existe de plus insidieux comme le lieu de résidence, l'apparence physique ou l'origine sociale. »

 

« La Charte et le label diversité deviennent des enjeux d'image et font bouger les choses mais on a besoin de plus d'actions », estime de son côté Mozaïk RH. Des actions concrètes et une évolution des mentalités, plutôt que des quotas.

 

Photo : des candidats patientent avant un entretien d'embauche, le 6 août 2009 à Washington (Jason Reed/Reuters).

 

Rue89.com

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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:10

Compte-rendu 2 du CE du 24 février 2011       

 

 

 Relevé des décisions de la commission d’interprétation de la CCN

Nous avons interpellé l’établissement sur la possibilité pour les mères de famille de plus de 21 ans qui sont recrutées en cours d’année de bénéficier de 2 jours de congé supplémentaires par enfant à charge de moins de 15 ans au 30 avril de l’année en cours.

La DR ne souhaite pas commenter la commission d’interprétation. Ces jours seraient incrémentés dans Bodet.

Si vous êtes dans cette situation, vérifiez si votre compteur bodet est à jour.

 

Récupération des indus et trop perçus

Nous avons souhaité avoir des éclaircissements sur l’application des règles de récupération des indus telles qu’elles sont définies dans les textes et instructions en cours.

Nous avons insisté sur 3 points :

  • Echéancier de remboursement de l’indu : jusqu’à 6 mois c’est à la main de l’agent sans visa du responsable d’agence.

 


Or, nous constatons que dans certaines unités, des instructions contradictoires sont données avec visa systématique d’un membre de l’ELD. Nous demandons au DR de rectifier.

 

  • L’application du principe de quotité saisissable :

La prise en compte de ce principe général nécessite une étude approfondie systématique. Nous demandons des précisions sur les modes de calcul et la mise en place d’outils pour plus de facilités et application systématique

  • Remise gracieuse avec présentation de la demande en commission paritaire : nous demandons à ce que cela soit présenté systématiquement aux demandeurs d’emploi

 

Le directeur régional nous a répondu qu’un travail est en cours sur une instruction et la présentera en CE dès sa parution.

 

 

Compte rendu de la Commission EOS (suivi de l’intégration des collègues AFPA)

Nous avons voté, à l’unanimité, la demande d’envoi d’un questionnaire-enquête à tous les agents ex-afpa transféré à Pole Emploi qui portera sur leurs conditions d’intégration : formation, métiers …

L’établissement a donné son accord, pour l’utilisation de la boite mail du C.E., sous réserve de faisabilité règlementaire.

 

Bulletin mensuel

Une forte augmentation des radiations sanctions sur le mois de décembre 2010 + 54%.

Est-ce dû au nombre d’entretiens qui ont augmenté de 24,5 % ?

Nous avons demandé à l’établissement, si ces radiations avaient un lien avec les  entretiens smp téléphoniques. Pas de réponse du D.R.         Son silence en dit long ! ! !

 

 

Le gouvernement se félicite d’une baisse de plus de 19 300 demandeurs d’emploi !!

Alors que l’augmentation des radiations est dans les mêmes proportions.

Etrange coïncidence ne trouvez vous pas ?….  

 

 

 

 

 

 

 

 


Vos élus en CE :

Patricia APICELLA, Josette AUZEVILLE,
Sylvie DESPOCQ, Stéphanie DROUHIN,
Colette LEVREL, Daniel MEMAIN

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